13 Décembre 2006
Peut-être que ce petit billet ne touchera pas grand monde au sein de notre sympathique communauté de nostalgiques. Peut-être qu’il ne touchera pas grand monde tout court, d’ailleurs. Et pourtant, ce qu’il me tient à cœur ! On a toujours en tête le nom d’un ou plusieurs artistes (écrivains, chanteurs, metteurs en scène) qui ont contribué à faire de nous ce que nous sommes, qui ont changé nos vies d’une manière ou d’une autre, ne serait-ce qu’en nous aidant à nous trouver, nous et nos goûts.
Dans les années 80, c’est un magazine du nom de Starfix qui m’a ouvert à la cinéphilie, plus sûrement qu’aucun de mes proches ne l’avait fait. A l’origine du magazine, début 1983, il y avait une poignée de jeunes gens à l’enthousiasme communicatif, militant en particulier pour l’anoblissement du cinéma de genre : Romero, Cronenberg, Tsui Hark ou Sam Raimi doivent beaucoup de leur statut d’auteur (du moins, par chez nous) au travail de fond orchestré par les journalistes de Starfix. S’il faut mettre les couronnes de laurier tressées à John Carpenter ou John McTiernan sur le compte de la fougue pré-trentenaire, loué soit Starfix pour avoir su déceler en Clint Eastwood, et avant bien d’autres, le géant de la mise en scène qu’il est devenu (et qu’il était déjà, de toute évidence). Starfix, c’était les couvertures sur Blade Runner, Razorback, Furyo, L’Amour braque, ou encore Il était une fois en Amérique, la découverte des films de Dario Argento, la fin de l’interdiction en salles de Massacre à la tronçonneuse et Zombie.
C’était aussi les hymnes aux nanars orchestrés tous les mois par l’impayable Robert Paimboeuf, avant que le mot ne se galvaude dans la bouche de snobinards de la radio (heureusement, Nanarland.com veille au grain).
C’est poussés par Starfix que beaucoup de jeunes des années 80 ont découvert Lawrence d’Arabie en salles, et élevé des autels à David Lynch. Un pur produit des années 80, oui, avec tout ce que l’époque pouvait avoir de naïve et de diablement stimulante.
Starfix n’a pas résisté longtemps aux années 90. Ses journalistes se sont éparpillés ; certains, comme Nicolas Boukrief, Doug Headline et surtout Christophe Gans sont devenus réalisateurs, d’autres comme Christophe Lemaire ou Hélène Merrick continuent leur petit bonhomme de chemin. Mais les années 80 ne sont plus, et Starfix n’avait de raison d’être que dans ce tumulte où le concept de blockbuster prenait forme. Merci à Starfix de nous avoir fait rêver tous les mois pendant un petit peu moins de dix ans.
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