6 Juin 2007
Un peu de haute technologie aujourd’hui. Et même très haute puisqu’on va parler espace.C’est une longue, belle et tragique histoire, celle de la navette spatiale, appelée Space Shuttle au pays de l’oncle Sam.
Bien que son premier vol ait eu lieu le 12 avril 1981 grâce à Columbia, sa genèse remonte au début des années 70, juste après la fin du programme Apollo qui emmena l’homme sur la lune. Le coût Apollo ayant été pharaonique, il fut décidé par Nixon en 1972 de développer un moyen moins coûteux permettant de conserver une présence humaine américaine dans l’espace et de lancer vers 1990 une station spatiale.
De là vint l’idée d’un engin réutilisable permettant à terme de construire et d’alimenter cette future station.Mais ce ne serait pas là sa seule mission. Il mettrait aussi des satellites en orbite, servirait à en récupérer pour les réparer et réaliserait toutes sortes d’études sur des insectes, des alliages de métaux et sur le corps humain.
C’est ainsi que naquit la navette spatiale, conçue pour effectuer une centaine de vols. Chaque navette a un coût unitaire d’un milliard de dollars et le projet a coûté plus de 30 milliards de dollars de 1972 à 1981, année du lancement de la première navette.
Pas mois de sept navettes furent réalisées par la North American qui est maintenant propriété de Boeing:
Enterprise (1976) navette expérimentale n’ayant jamais été mise en orbite / Pathfinder (1977) conçue pour des essais au sol / Columbia (1981) première à connaître l’espace et détruite lors de son retour sur terre le 1er février 2003 suite à l’endommagement de son bouclier thermique / Challenger (1982), qui explosa quelques instants après son décollage le 28 janvier 1986 suite à la rupture d’un joint de booster, point faible bien connu et volontairement ignoré par la NASA et qui faillit causer d’autres catastrophes, comme la commission d’enquête le montrera après l’accident de Challenger / Discovery (1983), toujours en service / Atlantis (1985), toujours en service / Endeavour (1991) construite pour remplacer Challenger et toujours en service.
Quelques données techniques (un peu mais pas trop..) : 37m de long, 24m d’envergure et 17m de hauteur, pesant 68T à vide et 109T au décollage. Ses trois moteurs principaux lui permettent d’emporter sept membres d’équipage et une charge de 30T à une altitude variant entre 185 et 1000km et à une vitesse de 28000km/h.
Pour le décollage, elle est assistée par deux boosters à poudre de 45m de haut. Le gros «bidon » sur lequel est fixée la navette n’est autre qu’un réservoir de 2 millions de litres d’un mélange d’oxygène et d’hydrogène liquides alimentant ses trois moteurs en phase de ascensionnelle.
Pour son retour sur terre, elle est équipée d’un bouclier thermique de plus de 30000 tuiles lui permettant de résister à des températures variant de 1000 à 2300°C provoquées par les frottements de l’air lors de sa rentrée dans l’atmosphère Ces frottements permettent de ramener sa vitesse de 28000km/h à environ 400km/h, vitesse d’atterrissage. Le retour se fait en vol plané et l’atterrissage sur un lac pétrifié long de plusieurs kilomètres.Pour ses déplacements entre les aires d’atterrissage et de décollage, elle est transportée sur le dos d’un Boeing 747 (appelé SCA, Shuttle Carrier Aircraft) spécialement conçu.
Quel avenir pour la navette ? Son arrêt est déjà programmé. Georges Bush ayant annoncé sa volonté de retourner sur la lune puis sur Mars, elle prendra sa retraite vers 2010, une fois la construction de la station achevée et après trente ans de bons et loyaux services. Elle finira sans doute dans l’un ou l’autre musée pour la plus grande joie des petits et des grands.
Pour l’anecdote, la navette eut son clône (russe bien sûr), appelé Bourane, sans doute fruit de l’espionnage industriel régnant du temps de la guerre froide. Ce vaisseau russe n’effectua qu’un seul vol inhabité en 1988 et fut abandonné en 1993, faute de moyens et suite à la situation politique complexe en Russie. Il est cependant à mettre à son crédit un atterrissage entièrement automatique, chose que la navette américaine n’a jamais réalisée car jugée trop risquée.